Voici une petite histoire que j'ai envie de partager ...
Non, Lucie, tu ne peux pas monter Pain d'Epice, aujourd'hui.
Il tousse trop. D'ailleurs, il va bientôt quitter le club ..."
Lucie regarda la monitrice sans comprendre, "Son" poney, son préféré, Pain d'Epice à la belle robe caramel, aux grands yeux doux sous un toupet coquin, Pain d'Epice allait partir ? Mais pour où ?
"- Tu me joues une farce, Annette, dit Lucie. Où irait bien Pain d'Epice, s'il partait d'ici ?"
Annette avait l'air sérieux, un pli barrait son front. Elle soupira et se pencha vers Lucie, tira doucement une natte blonde de la petite fille :
"- Pain d'Epice fini sa carrière ici. Il a beaucoup d'emphysème, tu sais, chaque hiver il tousse de plus en plus. Il va partir, il est réformé. Mais à sa place il y aura un autre poney, plus jeune, en bonne santé ... bientôt. Tu l'aimeras autant, tu verras."
Lucie ne comprenait rien au mot réformé. Elle devinait juste que rien de bon n'attendait son ami. Ne plus voir Pain d'Epice, son cher poney avec lequel elle partageait tant de complicité, tant de secrets, tant de rêves, non c'était impossible !
Elle courut à son box, y entra et le poney la salua d'un petit hennissement. Lucie posa la tête contre l'encolure tiède de l'animal, et ne put s'empêcher de pleurer. Etonné, Pain d'Epice souffla doucement sur le visage de Lucie, puis sur ses cheveux blonds.
"- Pain d'Epice, jamais je ne te laisserai ! Je vais tout raconter à maman ... Je te sauverai, tu verras ... "
La maman de Lucie, Laure, s'inquiéta. Elle avait dû expliquer à Lucie ce que signifiait "réformé" pour un cheval. Depuis ce temps-là, une semaine déjà, Lucie ne mangeait presque plus, semblait très nerveuse et faisait des cauchemars la nuit.
"- C'est injuste, avait-elle crié lors de la discussion avec sa mère, alors les chevaux et les poneys de club servent toute leur vie et après, pour les remercier, on les tue ?"
Laure avait expliqué à Lucie que dans certains clubs on envoyait les bêtes à la retraite au pré, si l'on trouvait assez d'argent pour les racheter. Mais ce n'était pas le cas du centre où montait Lucie, qui ne s'embêtait pas avec ses vieux chevaux.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]"- Alors, maman, que va-t-on faire ? On ne va pas le laisser partir comme ça, non. C'est mon poney, c'est mon ami, tu sais ... Si papa aménageait la vieille grange pour cet hiver, j'irais m'en occuper tous les jours, moi, de Pain d'Epice ... "
Laure s'assit en soupirant près de la cheminée. L'image de sa petite Lucie en pleurs et du poney si doux s'imposa à son esprit. Le soir, près de la cheminée alors que dehors soufflait en rafales le vent glacial de décembre, elle discuta longuement avec son mari.
"- Lucie, habille-toi, tes parents viennent te chercher dans dix minutes ..."
Lucie rangea sont livre, s'habilla docilement, obéissant à sa grand-mère. Elle ne voulait plus retourner au club depuis que Pain d'Epice était parti. Elle se sentait si seule, et tellement malheureuse ! Au collège, elle ne travaillait plus, elle penssait tout le temps à son cher poney. Les vacances d'hiver étaient là. D'habitude, elle passait ses journées au club. Maintenant, elle restait toute seule, à penser à Pain d'Epice. Ses parents l'avait laissée chez Mamy depuis une semaine, sous prétexte de travaux à faire à la maison. Lucie se sentait abandonnée de tous, dans son grand chagrin.
"- Descend, Lucie ... "
Lucie descendit, Laure passa un cache-nez autour de son cou, ouvrit la porte de la maison, embrassa ses parents et grimpa vite dans la voiture. Le trajet ne fut pas long.
"- Tiens, il neige, quelle chance, dit Laure nous ferons un bonhomme, tout à l'heure ... Viens Lucie ... Ton père a fait des travaux dans la grange ..." Xavier mit la main sur la poignée de porte de la vieille bâtisse construite non loin de la maison. Derrière elle se trouvait un petit pré où le fermier, Monsieur Henri, mettait parfois deux moutons. La neige, déjà, le ouatait de blanc.
"- J'ai eu du mal, mais je suis fier d'avoir réussi mes travaux, dit Xavier. Es-tu prête, ma petite Lucie ?"
Lucie haussa les épaules et entra dans la grange à la suite de ses parents. Un hennissement inquiet salua leur venue. Lucie n'en crut pas ses oreilles, pas ses yeux, pas son coeur. Elle devait rêver ! Elle regarda ses parents qui souriaient, comprit enfin le mystère de son séjour chez sa mamy et hurla :
"-Pain d'Epice !", en se précipitant vers un box tout neuf où s'abrouait son poney caramel, sont toupet coquin cachant ses deux yeux.
"- Oh, Pain d'Epice, dit-elle en pleurant de joie cette fois, c'est bien toi ! Oh, comment avez-vous fait, papa, maman ?"
Elle enfouit sa tête dans la crinière soyeuse du poney puis retourna vers ses parents, les embrassa en pleurant de bonheur, Xavier dit :
"- Et bien, j'ai acheté le poney au directeur du club, il n'y avait pas d'autre solution pour le sauver.
Puis je l'ai confié quelques jours au père Henri, qui est à la retraite et nous loue aussi le pré maintenant. J'ai appelé le vétérinaire, qui m'a donné un traitement pour ton poney et m'a dit de le laisser dehors le plus souvent possible ... Tu pourras le monter. Mets-le un peu au pré, maintenant ..."
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Xavier tendit un licol à sa fille, qui le passa au poney et l'entraîna dehors. Surpris par la neige qui tombait en flocons légers et s'accrochait à son épaisse toison, Pain d'Epice dressa les oreilles et souffla dans ses naseaus. Il regarda la pâture, ce grand espace de liberté tout autour de lui, dont il allait pouvoir profiter tous les jours.
Lucie déboucla le licol et le poney s'éloigna en trottinant. Puis brusquement, il lança une ruade de bonheur et prit le galop, jouant avec la morsure du vent et de la neige dans ses petites oreilles. Lucie riait aux éclats, Laure et Xavier, ravis de la joie de Lucie et du poney qu'ils avaient sauvé, étaient radieux.
FINC'est un peu enfantin mais tellement mignon ....
Et puis, dans la vie, tout peut arriver ...